Presse

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Sur l’écriture de création
Sur les images
Sur les scènes
Sur l’écriture théorique
Études universitaires

Thèses, Mémoires de recherche

  • Zsófia Szatmári, ‘Poétiques filmiques dans la poésie contemporaine (domaines français et états-​unien)’, thèse de doctorat soutenue à l’Université Paris 8 /​Université Eötvös Loránd de Budapest.
  • Coral Nieto Garcia, ‘L’émergence du sens dans la poésie sonore contemporaine française : entre performativité de la langue et action de l’écoute. Anne-​James Chaton, Jean-​michel Espitallier, Olivier Cadiot et Jérôme Game’, thèse de doctorat en préparation à l’EHESS, Paris.
  • Thomas Baruh, ‘Rétine de Théo Casciani et Salle d’embarquement de Jérôme Game : une étude de la littérature ‘visualiste’ contemporaine’, mémoire de Master 2, Université catholique de Louvain, 2021.
  • Anne-​Lise Desgranges, ‘Le cinéma dans la poésie contemporaine : Gros plan sur les travaux de Pierre Alféri, Patrick Bouvet et Jérôme Game’, mémoire de Master 2, Université de Rennes 2 – Haute-​Bretagne, 2016.
  • Kim Dallet, ‘La sensibilisation par l’évènement littéraire’, mémoire de Master 2, Université Toulouse II – Jean-​Jaurès, 2016.
  • P. Clément, ‘Tant mieux que ça existe plutôt que ça n’existe pas’, mémoire de DNSEP, Ecole Supérieure des Beaux-​Arts du Mans, janvier 2013.

Communications scientifiques

  • Jeff Barda, ‘UFOs : Unidentified Literary Objects in French Contemporary Poetry’ à ‘Things in Poems /​Poems of Things. International Conference’, Charles University, Prague, février 2019.
  • Mathias Kusnierz, ‘L’acinéma de poésie. De quelques transactions entre texte et image animée dans l’œuvre de Jérôme Game’, Université Paris-​Diderot, Laboratoire CERILAC, 2018.
  • E. Bricco, ‘Forme fototestuali brevi : ironia e intermedialità’, université de Turin, 2017.
  • S. de Sousa, ‘Dans le son et à travers l’image. L’esthétique transnarrative de J. Game dans DQ/​HK’, université d’Aix-Marseille, 2017.
  • N. Cohen, ‘Flip-​Book et le film remémoré’, université de Fribourg, 2016.
  • N. Wourm, ‘Jérôme Game’s Posthuman Nomad and the Neoliberal Megalopolis’, Harvard University, 2016.
  • Marie Martin, ‘Défilement, feuilletage, figure. Daniel Greaves, Jérôme Game et la fantasmagorie de l’animation’, Institut National d’Histoire de l’Art, 2016.
  • L. Magno, ‘Photographie et littérature’, EX​.IT Albinea, 2016.
  • E. Lynch, ‘Passages Outside the Book (and Back Again)’, St Louis University, 2016.
  • M. Kusnierz, ‘Montage rythmique et traduction intermédiale : quels transferts entre le cinéma et la poésie d’avant-garde ?’, université Paul Valéry-​Montpellier, 2015.
  • N. Parish, ‘From Cinema to Music via the Written Word : Contemporary Experimentation with New Technologies in France’, Toronto University, 2015.
  • J. Barda, ‘Poétique du skate-​board : cinéma et poésie dans Flip-​Book de Jérôme Game’, Bath University, 2014.
  • J. Barda, ‘In and out, la poésie multiplexe de J. Game’, Paris 3‑Sorbonne Nouvelle, 2014.
  • S. Sousa, ‘La syntaxe (de) l’hétérogène de Jérôme Game : cinéma, vidéo, poésie’, université Paris Ouest-​Nanterre, 2013.
  • S. Sousa, ‘L’essence cinématographique de l’écriture dans les micro-​fictions de Jérôme Game (Flip-​Book et La Fille du Far West)’, université de Poitiers, 2013.
  • M. Nachtergael, ‘Littérature ‘new look’ ou ‘new literature’ ? Récits, images, dispositifs. Avec Th. Clerc, M. Delbecq, J. Game, L. Hervé et Ch. Maillet’, université de Gênes, 2013.
  • L. Zimmermann, ‘Les vidéo-​poèmes de Jérôme Game’, Cambridge University, 2010.
  • J. Stout, ‘L’image cinématique détournée’, université de Montréal, 2010.
  • P. Sorlin, ‘Du poème sonore au vidéopoème’, ENS Ulm, 2006.

Extraits

Album photo plus encore qu’interroger les rapports image-​texte, remet en question la vertu informative de l’image. Les textes enserrés dans les emplacements dévolus aux photos décrivent, provoquent plutôt qu’évoquent des images mentales souvenirs, réélaborations oniriques, plus fréquemment brassage des ‘dépôts’, comme disait Denis Roche, issus du flux incessant de celles que charrie aujourd’hui l’espace numérique. (…) Jérôme Game, avec Album photo ne se contente pas de proposer une réflexion profonde sur ce combat intranquille. Il crée, avec ses cadres habités par l’attente du surgissement de l’image des espaces pour le rêve que vient ouvrir le poème.

Alain Nicolas, ‘Jérôme Game, quand le mot met l’image en pause’, L’Humanité, 27 août 2020

Il fait chaud, voire super chaud, et le ciel est bleu, souvent, dans les images feuilletées et pixelisées du dernier livre de Jérôme Game, Album Photo. En une multitude de vignettes d’une réalité sans cesse en mouvement, l’auteur saisit le bruissement de notre monde d’images. Dans ses mots, on voit des paysages, des scènes urbaines, des individus, dodus parfois. On survole des autoroutes, des deux fois quatre voies, en avion. Ça vire à gauche ; contre-​plongée. On traverse des foules et des carrefours, on voyage en train, on regarde par la fenêtre, on scrute des images publicitaires. (…) De vagues indications géographiques que l’on débusque à travers quelques signes, quelques dates, mais ce n’est pas ce qui importe. Ce serait plutôt un saisissement qui relève autant du photographique que du cinématographique dans le double jeu de la caméra (en héritier de Duras et de Beckett). (…) Qui tient la caméra, le stylo ? (…) L’Album Photo de Jérôme Game poursuit ce geste d’écriture singulier qui est le sien, celui d’une langue-​image au plus près du monde.

Sally Bonn, sur Album Photo, Art Press n°482, p. 96, nov 2020

Salle d’embarquement est le dernier exemple en date du morphing processuel que nourrit presque l’ensemble du travail de Jérôme Game. Ce qui apparaît d’abord comme un récit aux allures non linéaires (les aventures de Benjamin C., un cadre qui sillonne le monde) cumule une multiplicité de modes narratifs qui déclenchent des déplacements de lecture ainsi que des redistributions de l’attention catégorielle. (…) Tout le roman peut alors se lire (aussi) comme un dispositif de connexions sensibles, (…) ou encore une tentative de reconfiguration de l’expérience dans un espace-​temps commun et partagé (…), un lieu non topique de transactions (marchandes) et d’échanges (d’opinions), c’est-à-dire un espace saturé de rapports de pouvoir. En dernière analyse, Salle d’embarquement est bien une reconstruction d’un certain monde possible qui ne va pas sans envisager, en sourdine, la possibilité d’asseoir une éthique

Luigi Magno, art press, n°452, 2018

Le suivre dans ses démarches (…) c’est, dans le vertigineux Salle d’embarquement, traverser des espaces désincarnés et interchangeables. Tout commence par un terminal, et rien que ça, sémantiquement parlant, ça en dit long. Allez, on décolle. Chez Jérôme Game, gestes et pensées s’enchaînent comme si on les faisait défiler avec le pouce, c’est la smart life (…) Le monde se pixélise, l’œil devient préhensile — le verbe, lui, tabule. Le récit minimaliste et précis de Jérôme Game est soigneusement rythmé par des listes, des énumérations, qui disent à la fois le global, l’exhaustif et le vain. (…) C’est parti, le récit bascule, on passe en mode ‘photographie narrative’, des carrés de texte saisissent l’instant, non plus écrans mais fenêtres, découpes plutôt qu’encarts, ‘le réel est là on dirait’. (…) Qu’est­-ce qu’on voit exactement ? Juste un texte ? Non. Un texte juste.

Claro, Le Monde, 13 octobre 2017

Si les poètes de la génération de Jérôme Game entretiennent souvent un rapport critique aux images, allant jusqu’à les mettre à mort, l’auteur serait plutôt ici celui qui les ressuscite après avoir pris acte du pictorial turn du monde contemporain. (…) On trouve dans le texte une manière de scander, de couper et d’ajointer en prise directe avec le cinéma d’aujourd’hui (on pense, en lisant Salle d’embarquement, à Hou Hsiao-​Hsien, à Godard cité en exergue, à Demonlover d’Assayas, à Miguel Gomes entre autres) (…) De sorte qu’à la fin, la langue qui s’élabore au fil de Salle d’embarquement nous délie d’avec les récits comme les images photographiques ont délié Benjamin C. des images du monde.

Mathias Kusnierz, En attendant Nadeau n°41, octobre 2017

Cette exposition de photopoèmes nous propose trois instants de la prise de vue : le moment de captation, l’image elle-​même, et l’amas de légendes prises dans la presse et orphelines de leurs photographies. C’est ainsi bien l’image qui dicte l’ensemble du projet, assumant d’en faire l’expérience par son absence. La frontière dont il s’agit ici est bien sûr celle séparant le lisible du visible, mais Jérôme Game ne l’envisage pas de façon négative, il revendique bien au contraire l’existence d’une séparation pour mieux pouvoir envisager un franchissement permettant au spectateur de requestionner sa position. Ce que les images nous font, ce que l’on fait du texte, mais surtout ce que l’image fait au texte, nous amenant à le lire à partir de leur punctum. Et, lorsque l’on fait se rencontrer les deux, la forme qui peut en naître. La société de l’écran ne touche pas que nos regards mais influe sur la structure de nos paroles.

Jean-​Baptiste Carobolante, L’Art mêmen° 74, octobre 2017

Parfois, l’habit fait peut-​être un peu le moine. On y songe en se remémorant l’élégance assez stricte de l’écrivain Jérôme Game, silhouette quelque peu ovnique lorsqu’il déboule en performance à côté de la musicienne électronique Chloé, pour faire entendre Hongkong Reset. On s’attache à ce détail, car cela tient du décalage, de la posture latérale, de l’espace ménagé dans le régime des signes, qui semble tout au cœur de son projet artistique. Jérôme Game produit de la littérature sur d’autres terrains que celui de son champ disciplinaire : une littérature qui s’invente en déplacement dans le pourtour d’elle-même, et ne se pense pas autrement que dans ce mouvement.

Gérard Mayen, Mouvement, octobre 2015

Au gré du work in progress qu’est DQ/​HK, dont il faut dire la puissance suggestive, Game prend acte du feuilleté des médiations qui conditionne aujourd’hui notre imaginaire et notre rapport au réel, ce dernier entendu dans toute sa diversité : qu’il s’agisse d’un récit fondateur, celui de Cervantès, ou de cette sur-​modernité du monde globalisé que symbolise la mégapole chinoise. Toutes les formes de traversée du tableau, de confusion entre réel et fiction, de perturbation dans les niveaux de représentation, qui relevaient autrefois de l’artéfact et du tour de force, font partie aujourd’hui, nouvelles technologies aidant, de l’expérience quotidienne : du monde ou du net, lequel englobe l’autre ? Qu’est-ce qui est premier de l’empirique immédiat ou du médium pixelisé ? De la vue, de la prise de vue et du visionnage ? La hiérarchie des paliers sémiotiques est plus réversible que jamais. L’esthétique de Game est une phénoménologie d’aujourd’hui.

Pascal Mougin, La Quinzaine littéraire n°1112, septembre 2014

Dans la poésie de Game, dans le travail prosodique qui permet un phrasé si typique, ledit typique est encore très en prise avec le langage courant. Justement, sa puissance critique est d’autant plus prometteuse que le fluide médiatique mainstream peut se trouver chauffé mieux qu’agressé d’être à ce point gratté et décalqué par le flow de Game. Car c’est aussi à la surface médiatique à laquelle se frotte cette écriture poétique que sa consistance se travaille et continue de sortir la poésie de l’identitarisme stylistique. DQ/​HK thématise et crée un climat critique autour des problèmes de régime de documentarité, comme on dit en Infocom.

David Christoffel, Sitaudis, 2014

C’est à travers cet agencement multiple qu’est le monde qu’existe l’espace lui-​même hétérotopique, hétérogène et disséminé de DQ/​HK. C’est vers cet espace disséminé, autre et par nature paradoxal, que tend le travail de Jérôme Game, autant dans ses performances que dans ses livres où, au plus près de la répétition et de sa durée, il s’agit non de dire le monde mais de le produire, de produire des possibles du monde, une multiplicité du monde, de la pensée, du langage. Ce qui serait l’énoncé même de ce que peut la littérature.

Jean-​Philippe Cazier, Mediapart, 2014

La mécanique Game est ici plus souple, presque fluide, limpide. Ça va comme un travelling, ça glisse dans du cinéma, c’est huilé. C’est du film, du film de cinéma. C’est comment le regard suit un plan. C’est la recherche de comment cela fait en vrai d’être dans l’image. On sait que ça joue beaucoup sur l’histoire de la voiture qui glisse dans le paysage l’histoire de Jérôme Game. Que c’est la matrice. L’avion aussi. Le skate, c’est pareil. Mais après, ça recommence à se dérégler, ça coupe. Ça dérape. Comme dans l’Amérique de Lynch, Amérique éternellement fifties qui perd son vernis, recrache sa part obscure. Plus qu’un prétexte – traverser les plans de films aimés – Flip-​Book est peut-​être la version étendue de la langue de Game, où se déploient ses propres plans, les déplacements de son regard dans l’espace, le jeu des points de vue, le goût du mouvement mécanique, de l’industriel dans lequel le corps pose ses impuretés et la langue imprime ses pulsions.

Olivier Marboeuf, Croisements, 2010

Jérôme Game est un des auteurs les plus intéressants sévissant actuellement dans le champ poétique contemporain. Parce que ses textes sont immédiatement identifiables, on aurait pu attendre de Jérôme Game une déclinaison infinie de ses principes d’écriture, redouter que, à l’instar de certains poètes en activité, ses intuitions se meuvent en tics ou procédés. Il n’en est rien. Flip-​Book le prouve. (…) ce très joli objet accompagné d’un cd de lecture (qui permet au lecteur-​auditeur de saisir toute la dimension orale du travail de Game) s’inscrit dans une toute autre optique. Il s’agit ici de cinéma, de l’expérience du spectateur. Quinze films, de Cassavetes à Won Kar Wai, en passant par Claire Denis et Abel Ferrara, sont visités de l’intérieur. Défilement des plans- séquences, langue fluide et structurée.

Chloé Delaume, Tina n° 2, janvier 2009

Il serait trop simple de croire que Game retranscrit ici son flux de conscience de spectateur ; l’objet de Flip-​Book est autre, à la fois plus sobre et plus précis : il s’agit de savoir dans quelle mesure les mots peuvent rejouer certains gestes du cinématographe (par exemple, le gros plan), et opérer corrélativement un décadrage de la langue, où la disjonction des éléments de la phrase ne heurte guère l’émotion ou le souvenir que nous pouvons avoir des films présentés dans ces pages. Jérôme Game invente en ce sens une manière d’écrire sur le cinéma que nous ne soupçonnions pas ; en retour, son recueil engendre peut-​être ce désir qui semble aujourd’hui appartenir à une autre époque : aller au cinéma, ce ‘quelque chose de trop inconnu jusqu’ici’, comme l’indiquait Bresson.

Dork Zabunyan, art press n° 347, juillet-​août 2008

Deux livres, deux cd, un dvd : c’est le kit-​découverte Jérôme Game, théoricien et artiste dont la poésie sonore s’honore. Une voix douce, des mots souvent apocopés (…) et plein d’idées sur la littérature (…). Le plus fort est qu’il arrive à les dire, naturellement, avec toutes les lettres en moins, créant une langue et un monde proches des nôtres, mais pourtant parallèles, à l’infini.

Eric Loret, Libération, 22 mai 2008

Flip-​Book est le livre du spectateur dans le film, voyant qu’il voit le film et débordé par lui. L’hypnose propre à l’expérience de cinéma trouve en Jérôme Game 2 la fluidité coupée de mots/​plans la mieux à même de la restituer. L’expérimentation ‘frontale’ semble abandonnée, la syntaxe est ‘correcte’ : tout se joue dans l’absence d’une virgule, la place d’un point, incongru, qui écourte la phrase. (…) Ce travail en sourdine, permanent, la voix de Jérôme Game lui confère sa pleine dimension. Il y a encore beaucoup de choses à faire avec cette voix-​là, instrument de précision sensible et mallarméen – coup de dés/​coup de glotte.

Nathalie Quintane, Sitaudis, février 2008