Flip-Book
Oui, il s’agit bien de cinéma dans ce livre. La page se fait écran et ceci, comme le dit Jean-Luc Godard, parce que le cinéma projette, et parce que le cinéma consiste en une relation particulière du réel à la fiction. En ce sens, Flip-Book est un livre émotion dans sa durée juste. Les courts plans-séquences s’enchaînent en pleine page sans fondu au noir, la phrase trouve sa vitesse et son fluide défilement. Un flip-book sans images, ni dessins, ni photogrammes ? Précisément : un flip-book avec des mots, une écriture en mouvement.
Extrait, piste 04
Extrait, piste 15
Introduire le passing-shot dans le phrasé, le retour qui lifte le mot, lui donne son effet imprévisible, différé, ralenti ou accéléré, c’est ce qui dirait le mieux les audio- et vidéotextes de Jérôme Game. (…) c’est l’extrême élégance de cette image-mouvement de la parole. Qui a entendu, une fois, Jérôme Game lire à voix nue, le rectangle du texte formant un scope devant le visage, ne peut s’empêcher de ressentir cette sensation, à la fois hypnotique et déroutante, que l’on retrouve chez les cinéastes qu’il a décadrés dans son livre Flip-Book.
Yan Ciret, Mouvement n° 50, janv.-mars 2009